vendredi 17 octobre 2014

La recherche au service de la gestion forestière

Ce vendredi 17 octobre, nous avons participé au 7ème congrès EcanUSA (Est du Canada et USA) de sciences forestières ayant pour thème principal l'optimisation de l'aménagement forestier écosystémique (voir notre billet précédent). Il rassemblait chercheurs, étudiants, professionnels de la filière, ministères et société civile du Québec, et en particulier du Bas Saint-Laurent (région de Rimouski).

Pour remettre en contexte l'objet de ce colloque, le Québec a adopté une nouvelle réglementation forestière en 2010 et applicable depuis mai 2013, qui introduit la notion d'aménagement écosystémique comme pierre angulaire de la stratégie d'aménagement forestier de la Province.

Parmi l'ensemble des présentations auxquelles nous avons assisté, quatre points nous ont marqué en particulier :

  • Du fait d'une foresterie relativement récente (en comparaison avec la France), les québécois disposent d'archives (rapports d'arpentage, photographies anciennes, études polliniques, datation au carbone 14 des charbons de bois enfouis dans les sols, ...) leur permettant de reconstituer une image de la forêt pré-industrielle (avant 1850) considérée comme la forêt de référence. Grâce à ces documents, la recherche forestière a notamment réussi à mettre en évidence l'évolution du cortège d'essences ; les essences pionnières et les plus résistantes au feu (une des perturbations majeures, généralement d'origine anthropique) telles que les peupliers et le bouleau blanc ont connu une large expansion au détriment d'essences comme le cèdre blanc (thuya) ou la pruche.
  • Un orateur rappelle l'historique de gestion entre 1900 et 1960, et met en évidence la non-durabilité de la gestion forestière à cette époque, en raison de la surexploitation de la ressource forestière et de l'expansion incontrôlée des feux d'origine agricole. Les préoccupations actuelles de gestion durable impliquent d'étudier les modalités de renouvellement des peuplements prenant en compte plusieurs facteurs (taille des trouées, pression cynégétique, qualité du lit de germination, origine de la perturbation...) et les dynamiques naturelles.
  • Nous avons ressenti lors des présentations le souci de la communauté forestière de comprendre, pour prévoir, et enfin maîtriser, l'évolution potentielle des peuplements forestiers à court, moyen et long terme, dans le souci de répondre à des attentes plurielles. Cela se justifie d'autant plus que de nombreux peuplements du Bas Saint-Laurent sont des peuplements jeunes (inférieurs à 20 ans). Comme enjeux, ont par exemple été mentionnés le cas du caribou montagnard fortement perturbé par la gestion forestière, ou bien le cas de l'érable pouvant être considéré comme "invasif" dans certains contextes. 
  • Enfin, l'évolution des connaissances scientifiques permet de renseigner sur l'évolution passée des peuplements forestiers, et de s'interroger sur les mesures de gestion à mettre en œuvre pour les forêts du futur. Mais que seront les forêts du futur ? Ce qui est certain, c'est qu'elles devront répondre entre autres à des attentes sociétales, en particulier pour concilier conservation de la nature et développement économique. Des innovations en matière de technologie du bois pourraient permettre de mieux valoriser la ressource à l'avenir.

Article rédigé par Isabelle, Zoë et Jérôme


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